Une rencontre…
De Marie Madeleine Carbon
Il habite en dessus de la baie de Nice. Son appartement c’est son atelier, son four se dresse sur la grande terrasse qui domine la mer .Il vit tout près de ses terres cuites, bronzes, dernières oeuvres en gestation encapuchonnées de sacs en plastic qu’il veille même en dormant.
Atelier de sculpteur dont les œuvres surprennent par ce côté surréaliste, mythique, hors du temps et de l’effervescence d’une vie grouillante et bruyante juste en bas. Il vit au premier étage. La première impression c’est cette recherche d’équilibre toujours incertaine , mais à y bien regarder, à bien y voir, bien rivée à la terre, à la terre mère peut-être !
De ces magmas en jaillissent toujours des bras tentaculaires, des vides, des pleins, des embryons, (lui-même reconnait qu’ils évoquent un monde foetal, presque mutant) sortant de leur enclos, où la langue se délie peu à peu de la matière, cherche sa voix, se referme sur la vie, sur le premier cri.
La matière n’en n’a terminé avec ses propres découvertes : on aperçoit soudain des corps qui se cherchent, des empoignades féroces, des fusions de couples enlacés, leur distance incertaine.
J’ai vu des corps, des bouches aux aboies, des appels au secours, la vie aux aguets cherchant son socle, son origine, son équilibre .
J’ai vu en haut des jardins exotiques de Eze, étincelant dans l’acier et la lumière de l’été brûlant, sa subtile sculpture où les rayons du soleil couchant découpent en creux une silhouette féminine « Europe » allongée sur Zeus métamorphosé en Minotaure, évoquant le mythe grec. (Serait ce aussi un clin d’oeil à Notre Europe cherchant paix et réconciliation)?
J’ai vu 3.000 ans d’histoire du petit d’homme inventant les jeux du cirque, les funambules, les équilibristes défiant la pesanteur, sûrs et confiants au-dessus du compère qui les portent.
J’ai deviné que Marc ne s’arrêtera pas là, entre les pièces jouant avec la mythologie, les symboles et l’oiseau de paix, le temps qu’il faut pour nous surprendre, nous apprivoiser dans nos yeux soudain décillés.
Toute la sculpture de Marc Albaranes me semble sous-tendue par une culture aux prises avec nos origines, notre culture et aussi par tout un cheminement de ses études de biologie.
MMCarbon, le 3 Mars 2014
l'oiseau allégorique
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